L'instrument a été allumé pendant près de 25 minutes le temps de faire quelques vérifications basiques (consommation de courant, test de connexion, synchronisation de l'heure des paquets de télémétrie, vérification des tensions, des températures des sous-systèmes, etc.) et de procéder ensuite avec succès au déverrouillage du mécanisme de pointage (scanner) de l’instrument.

But du scanner, importance de son verrouillage pendant le lancement
Le système collecteur de lumière de l’instrument comprend un déflecteur de lumière parasite (baffle) et un miroir parabolique hors axe, l’ensemble faisant office de télescope d’entrée. Celui-ci est monté sur un mécanisme de balayage à un axe (« scanner ») fourni par l’Agence spatiale russe (IKI). Ce scanner permet de faire pivoter le télescope de 360 ° avec une précision inférieure au degré afin d’ajuster la ligne de visée de l’instrument.
Afin de préserver l’intégrité du mécanisme de pointage pendant la phase de lancement, éprouvante en termes de vibrations, un système de verrouillage (« locking system ») a été installé, bloquant la rotation du scanner.
Au moment du lancement, le télescope est en position dite « parking », face à un support (« parking bracket ») attaché au satellite et qui protège l’entrée du télescope pendant les périodes non-opérationnelles (Figure 1).

Description du système de verrouillage
Le système de verrouillage (Figure 2) est constitué entre autres d’un axe de verrouillage (locking axis), d’un ressort (spring) et d’un actionneur (actuator) modèle « P25 » fabriqué par Tini Aerospace et personnalisé pour PHEBUS.

L'actionneur (appelé communément TiNi) est le dispositif actif du système de verrouillage du scanner de PHEBUS qui déclenche la libération de l’axe de verrouillage.
Lors du réarmement du mécanisme de verrouillage grâce à un jeu d’outils spécifique, l’axe de verrouillage est enfoncé dans la bride du scanner (scanner flange) de sorte que la rotation du scanner soit verrouillée (Figure 3). Lorsqu’on appuie sur l’axe de verrouillage, le ressort est comprimé. L'axe de verrouillage est maintenu dans cette position par l'axe de l’actionneur. Lors de l'activation du mécanisme, l’actionneur tire son axe, libérant ainsi l'axe de verrouillage. L'axe de verrouillage est alors extrait de la bride du scanner par le ressort.

Opération de déverrouillage du scanner
L'actionneur ne peut être réarmé que manuellement. En conséquence, le système de verrouillage ne peut être activé qu'une fois en vol (mécanisme « one-shot »). L'actionneur dispose de deux lignes d'alimentation (nominale et redondante). Il est activé par le DPU avec une impulsion de tension (durée: 1 seconde) de 12 V sur la ligne nominale ou sur la ligne redondante. Une fois que l'actionneur a été activé, il ouvre son circuit d'alimentation (cela se produit après 200 à 250 ms). Un circuit de détection de courant est utilisé pour détecter le moment lorsque le courant passe dans la ligne activée. Il en résulte un événement indiquant que l'actionneur a été activé (mais cela ne prouve pas que l'axe de verrouillage a bien été relâché).Si le système de verrouillage échoue sur les deux lignes d'activation (c'est-à-dire que le baffle est toujours verrouillé), le télescope restera derrière le parking bracket.
Envoi des télécommandes à l’instrument
L’opération de déverrouillage du scanner a été exécutée avec une couverture de station au sol de manière interactive par les opérateurs de l'ESOC (Centre Européen des Opérations Spatiales situé à Darmstadt en Allemagne) appuyés par l’équipe PHEBUS (Figure 4).
L'instrument a tout d’abord été allumé dans un mode logiciel dit « STAND-BY » le temps de faire quelques vérifications basiques (consommation de courant, test de connexion, synchronisation de l'heure des paquets de télémétrie, vérification des tensions, des températures des sous-systèmes, etc.).

L'instrument a ensuite été configuré dans un autre mode logiciel appelé "MAINTENANCE" (via une autre télécommande spécifique) avant de procéder à l'envoi des télécommandes activant l'actuateur. Les fonctions de l’actuateur sont protégées par 2 commandes « Arm » et « Fire », la première autorisant la seconde à être exécutée. La commande «Fire» configure la ligne d'alimentation du Tini à activer et vérifie la détection de la consommation de courant. L’information de détection de courant est mémorisée dans la HK DPU (données HouseKeeping) qui est ensuite renvoyée au sol.
Si les étapes précédentes réussissent, les télémétries suivantes sont envoyées :
- Un événement de télémétrie “Baffle Lock Success”, ce qui signifie que la consommation de courant a été détectée.
- Un événement de télémétrie “End of Baffle lock Activation”, ce qui signifie que le logiciel a mis la ligne TiNi hors tension.
- Une télémétrie « DPU Housekeeping » avec un bit spécifique («courant TiNi») égal à “Detection” (Figure 5).

La prochaine étape prévue le 7 décembre 2018 sera de tester la rotation du télescope de l’instrument.